LA RUPTURE

 

La Rupture

  • En hommage a Kemi Seba
    • Joseph Pierre Léonard
    • Hougan messager du Vodou éternel

Il y a un temps pour chaque chose, de par notre réalité historique, nous disons qu’il y a un temps pour les Négriers, un temps pour les esclavagistes, un temps pour les colons, un temps pour les colonisés méprisants et un temps pour les libérateurs.

Conscient de cette réalité qui nous enfonce de plus en plus dans l’obscurantisme existentiel causé par l’égarement de nos dirigeants politiques, financiers et éducationnels, sans détour, nous en prenons toutes les dispositions intelligentes révolutionnaires et nécessaires pour sortir la nation dans ce bourbier éhonté qui nous dévie du Tracé des Héros fondateurs de notre Nation, de notre chère Patrie Haïti.

En tout instant les opportunités se tiennent devant nous pour ouvrir des nouveaux chemins, nous donnant l’occasion de nous dynamiser dans un élan révolutionnaire, dans une révolution de l’esprit qui se veut pacifique; pour qu’enfin nous parvenions de bonne foi à mettre le pays sur les rails de la responsabilité patriotique et de la bonne gestion de nos différentes sortes de ressources. L’opportunité est là et se présente de manière décisive pour faire fructifier nos biens et richesses.

Ainsi, nous nous retrouvons dans le temps de la concrétisation du bien fondé de notre indépendance, héritage sacré de nos ancêtres dont nous avons l’entière responsabilité de le rendre évident, vivable et agréable pour nous et pour nos enfants en créant délibérément les imaginaires de nos rêves, de notre réalité et de notre espérance.

Haïti d’hier, d’aujourd’hui et de demain

Décrite par Lilas Desquiron : « Le 6 décembre 1492, l’ile d’Haïti apparait aux yeux des envahisseurs comme une merveille et elle le demeure. Une mer de cristal, une côte de sable d’or ceinte de cocotiers et, en arrière plan, le vert intense des montagnes couvertes d’acajous, de sapotilliers, de caïmitiers, d’abricotiers de tropiques, croulants d’orchidées multicolores. »

Les indigènes – Taïnos, Arawaks et Caraïbes – d’abord effrayés, accueillent avec gentillesse les conquistadors espagnols qui vont faire de l’ile le premier comptoir européen du continent américain. Et ce sera le début de la barbarie engendrée par l’occident chrétien qui, cinquante plus tard, accomplira le génocide systématique des indigènes de la Caraïbe et commencera la mise en esclavage de nos Pères et Mères venant d’Afrique.

Les français succèdent aux espagnols, font de l’ile leur colonie la plus prospère. Aux XVIIe et XVIIIe siècles, les esclaves, nos Pères et Mères importés d’Afrique, produisent la totalité du sucre consommé en France… A cette époque, un français sur quatre vit des retombées de la manne de la colonie. C’est cette nostalgie de jouissance et de réjouissance qui empêche à l’impérialisme de l’occident chrétien de se tenir à distance, loin de nous. Encore, Il en veut du lait et du miel à nos dépends.

Et, c’est en 1791, sous la direction de Toussaint Louverture et de Dessalines, au terme d’une longue et héroïque guerre que les esclaves insurgés, nos Pères et Mères, conquirent leur liberté et infligèrent une cuisante défaite à l’armée de Napoléon… En 1804 nous avons fondé Nation et cela de manière décisive et définitive.

Qui sommes-nous ?

Avant même de décrire qui nous sommes, nous devons formellement retracer le parcours historique de notre présence sur le sol d’Haïti dont nous en sommes devenus le maitre incontestable, indéfectible, indiquant aussi clairement que nous sommes maitre de notre destin en tant que peuple, race et civilisation. Ayibobo !

En vérité ! Nous venons d’Afrique, nous-sommes des afro-genèse, terre de nos Pères et Mères, terre de notre matrice existentielle qui alimente sans cesse notre souffle et qui donne sens et forme à nos aspirations et cela autant qu’au niveau culturel, religieux, magique, spirituel et scientifique.

Venant de multiples royaumes, fils et filles de Roi, de Reines, de Princes, de forgerons, d’artistes, de Hougan, de Mambo, formant de partout où nous sommes un corps sociétal et de nation portant tous les éléments capables de fonder Nation et d’édifier les valeurs de la vie.

Nous sommes les enfants des hommes forts, des femmes fortes qui avons survécu à la férocité, à la barbarie des esclavagistes. Un nombre restreint de survivants ont pu faire  la traversée jusqu’à nous conduire à la guerre, à la victoire de l’indépendance en nous léguant terre, pays et grandeur d’âme.

Sortant d’Afrique, les chaines aux pieds, aux bras et aux cous, brutalement tenus sous la cruauté des féroces de l’occident chrétien et au nom de la Croix qui crucifie tout sur son passage, ainsi, appliquant de telle méthode jusqu’à aujourd’hui, il ne cherche et ne tente qu’à crucifier notre mental dans l’obscurantisme du non-être, dans la peur de Dieu, du questionnement et de la curiosité intellectuelle. Il déploie tous les moyens pour essayer de nous dépersonnaliser, cherchant sans cesse à nous coincer dans le repère des animaux, ce, dans l’unique but de jouir à notre place, de nos richesses.  Par exemple, changer nos noms ancestraux, nous rappelant autrement de manière à ce que nous devenions un autre de nous-mêmes, afin de toujours accepter l’anormalité pour une normalité.

Depuis, c’est cet autre de nous-mêmes qui nous combat, en étant devenu étranger à nous-mêmes, ennemi de nous-mêmes. Aujourd’hui, c’est cet être, cet autrement de nous-mêmes qui nous représente de partout comme des colonisés qui ne peuvent concevoir la possibilité d’édifier par eux-mêmes leur avenir, leur bonheur en défendant parfaitement leur vérité et la vérité de leur intérêt.

Ainsi, nous engageons le décisif combat pour être, pour demeurer le fondamental de nous-mêmes, le fondamental de nos intérêts.

Nous le disons hautement, cet autre qui nous dépersonnalise, est à combattre. C’est lui que nous combattons. Et ce combat c‘est celui de la peur, de l’ignorance et de la négation de soi qui rongent le bien fondé de notre existence.

Ce combat est décisif parce que nous voulons nous reconnaitre, nous retrouver pour poursuivre notre destin en tant que Peuple, Race et Civilisation. Nous regardons avec détermination vers l’avenir. Pour cela, nous devons combatte sans réserve tous ceux qui se mettent de travers sur notre chemin, nous empêchant d’avancer dans le Tracé de notre destination en tant que peuple digne, maitre de pays, maitre de nation.

De la Rupture, nous allons déborder sur nous-mêmes pour replanter les arbres de nos rêves et de notre espérance, en sachant que cette réalité misérable est à changer et à être emportée par les flots de notre détermination nationaliste.

Nous sommes en marche, en nous impliquant, en nous appliquant loyalement pour relever les défis que nous réclament la liberté et l’indépendance que nous ont léguée nos Ancêtres pour fonder Nation.

Pour ce que nous avons subi de la vie, de la réalité historique, politique et religieuse, il n’y a rien aujourd’hui qui puisse nous effrayer face à notre détermination parce que sur cette terre, la vie dans son essence, dans sa vérité est une quête de bonheur. De fait, nous devons nous munir du génie de notre intelligence, de notre force vitale en puissance pour écarter toute attaque, toute menace qui se présente devant nous.

Enfin de compte, la présence des envahisseurs, dans leur politique impérialiste, nous a permis de découvrir notre faiblesse et notre laideur pour pouvoir enlever les masques et lever les défis imposés pour construire une nouvelle Haïti, pays qui est déjà dressé en chacun de nous et que nous habitons déjà spirituellement. Comme nous le disons : « Konnen san konnen nou travèse » . Laissons derrière nous le pays des cancres, des voyous et des poupées  colonisées et docilisées dont nous n’aurons plus à rencontrer dans notre nouveau et merveilleux pays d’Haïti.

La présence de la MINUSTAH est là parce nous ne sommes pas là. Le jour où nous serons présents dans le pays, la MINUSTAH ne sera plus là. Donc, on est la cause qui gère les effets de notre réalité. Une fois que nous décidons de vivre autrement, en vérité, notre vie sera autrement.

Pour édifier la nation, la rupture nous oblige :

  • A combattre nos peurs pour nous tenir constamment en éveil face à la prédation existentielle.
  • A ne plus avoir peur des préjugés, de ce que les autres imaginent et pensent de nous. Soyons les forgerons qui martèleront constamment l’airain de notre destin.
  • A ne plus avoir peur de Dieu ni de Satan ni de ses marchands malhonnêtes, de ses parasites qui ne font que diminuer l’être de l’essence de sa divinité absolue et consacrée pour en faire un sous produit de leur commerce et de leur mendicité.
  • A ne plus tolérer les corrompus qui ne font que commercialiser l’âme de nos ancêtres et l’état d’âme de notre dévouement nationaliste.
  • A ne plus avoir peur de nous-mêmes ni des autres par la clairvoyance de notre intelligence, par la vitalité de notre imagination et du mystère de notre force vitale.
  • A ne plus avoir peur de nos morts, de nos cimetières et de la présence perpétuelle de nos Pères et Mères auprès de nous qui sont nos accompagnateurs indéfectibles.
  • A ne plus avoir peur des étrangers, de les recevoir comme ils se présentent à nous, dans le respect des principes et de nos sacrés.
  • A ne plus avoir peur de la misère, du bonheur, de la tristesse, de la joie, de la violence ni de la non violence. L’essentiel c’est d’être en mesure de faire face à toutes les éventualités de la vie en restant ferme dans nos principes afro-genèse, dans notre quête de bonheur.
  • A ne plus avoir peur de l’amour, de la haine, du manque, de l’abondance et du gaspillage ni d’avoir peur du mépris et de l’opportunité… L’important est de toujours être capable de se tenir en équilibre face à la précarité de la vie.

– A ne plus nous tromper sur le comportement et l’agissement de nos soi-disant intellectuels qui ne le sont pas vraiment. En vérité, ils sont des gens scolarisés, très scolarisés qui sont des apprivoisés, des gens très studieux, parfois de très brillantes personnes qui sont, à cause de la forme de notre système éducatif, emprisonnées dans la quête quotidienne du petit pain.

– A savoir qu’un intellectuel, le vrai, est celui qui constamment interroge l’existence pour apporter des questions et des réponses appropriées pour le bien de sa collectivité, de son pays et aussi pour le bien de toute l’humanité. Nou poko telman wè gwoup moun sa yo bò isit andedan peyi nou Ayiti. Se pou sa nou gen obligasyon pou nou fè ripti e yon revolisyon pou kanpe djanm sistèm lekòl la.

La Rupture nous oblige à rompre définitivement avec les mauvaises habitudes de la société actuelle, pour entrer dans le monde de la solidarité, dans la bonne gestion de nos ressources, dans une nouvelle approche de gestion de nos intérêts de peuple et de nation. Enfin et une fois pour toute, de faire jaillir la lumière de notre idéal de peuple et de nation souveraine.

La Rupture nous met en pleine Révolution dans la certitude d’accomplir des hauts faits pour la sauvegarde de notre souveraineté et de pouvoir, une fois, rentrer en pompe dans le pays réel, dans le pays de la félicité, légué par les prouesses de nos Ancêtres afro-genèse.

Vivons pour la bonne cause. Mourons pour la bonne cause et certainement nos enfants et ceux de nos enfants en récolteront les bonnes semences et les bons fruits de notre production d’existence.

Ensemble, engageons le bon combat ! Nous sommes à l’heure de la Rupture avec les nuisibles et les nuisances. Ayibobo!

De la culture :

Notre politique aura pour thème : Aller à la rencontre de l’autre, ce qui veut dire : pour aller à la rencontre de l’autre, il faut au préalable être en mesure d’y aller d’abord à la rencontre de soi, tout en étant et être capable de se tenir en équilibre, en harmonie avec soi-même. A partir de là, il est possible de marcher en confiance, en certitude à la rencontre de l’autre.

Il nous faut combattre l’haïtien qui se veut un faux haïtien et qui toujours se valorise dans le flou de la négation de soi, ce qui, souvent, le plonge dans le mépris, et dans la laideur du ridicule.

L’heure est arrivée pour que nous prenions toutes les dispositions nécessaires pour cultiver, définir une fois pour toute l’être haïtien que nous sommes de manière à pouvoir répondre adéquatement, efficacement à notre responsabilité de peuple, et surtout à nos intérêts de nation.

L’occasion nous est donnée de renouveler la Nation ; et c’est dans cette direction que nous devons maintenir pour sortir de la négation de soi et d’entrer dans le dedans de notre mystère imaginatif et créatif, afin de faire jaillir sous les projecteurs du monde notre beauté rayonnante tant rêvée.

De par son essence, la culture doit être révolutionnaire pour être une culture créatrice dans l’espace infini de notre identité indicative qui nous présente dans la totalité de notre représentation.

Dans cet élan, nous allons en tout instant nous confronter et nous affronter pour extraire le jus et de gouter aux nectars de notre production créatrice animée de milles rêveries et d’imaginations explosives.

Pour parvenir à concrétiser une telle vision ; nous en énumérons quelques points dont nous croyons essentiels pour sortir le pays de l’impasse qu’il s’y trouve. Dans ce sens, nous allons développer une culture de terrain et d’appartenance auprès de la jeunesse haïtienne.

  • Conférence nationale sur question de l’identité et du pouvoir de la créativité
  • Conservatoire nationale (Arts oratoires musiques et danses).
  • Une maison de la culture dans chaque département (Y compris bibliothèque, vidéothèque, salle de cinéma et cour de création).
  • Différentes sortes de concours dans tous les domaines et nivaux. (Arts et culture).
  • Concours de RARA au niveau national pour terminer dans des défilés à Port-au-Prince avec les finalistes et autres
  • Faire venir des professeurs artistiques (de carnaval) du Brésil et de la Trinidad en vue de partager les expériences.
  • Renforcer et encadrer les LAKOU vodou et mettre sr le niveau sur pied un centre académique VODOU de manière à lever le niveau de formation spirituelle.
  • Mise en valeur de la chanson folklorique haïtienne.
  • Promouvoir l’artisanat et la peinture
  • Donner une assistance soutenue au bureau des droits d’auteur.
  • Avoir un regard critique sur les arts cinématographiques, d’aider les cinéastes, encourager les auteurs et les maisons d’édition.
  • Favoriser les imageries locales dans les jardins d’enfants et les écoles fondamentales.
  • Organiser les activités culturelles dans les quartiers, sur les places publiques et dans les localités.
  • Toutes les enseignes des entreprises publiques et privées doivent être en langue Haïtienne.
  • 28 octobre journée nationale du créole.
  • 70% des musiques programmées à la radio et à la télé, doivent être des musiques haïtiennes (Compas, racine, folklore, vodou et musique évangélique haïtienne.
  • Donner une attention particulière aux musées d’art, tout en motivant la jeunesse à rendre visite aux musées.
  • Réhabiliter les sites touristiques. Era ! Era !